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La mission de Bordeaux
Dès le 21 mars, Georges Julien rencontre Maître
Etienne Nouveau, alias Vallière, qui dirige Turma-Vengeance
depuis les arrestations de Vic Dupont et François Wetterwald
en octobre 1943.
Il est bientôt affecté à Bordeaux, avec de nouvelles
directives du MNL
A Bordeaux, la situation est confuse.
André Grandclément, chef de l’OCM
pour la région B est interpellé, puis « retourné »
par Friedrich Dohse, chef de la Gestapo de Bordeaux qui lui promet la
libération de résistants contre le livraison des dépôts
d’armes parachutés par Londres. Grandclément, croyant
pouvoir jouer double jeu, accepte la proposition, mais sa position ambiguë
désorganise les milieux de la Résistance du Sud-Ouest.
Les réseaux se suspectent, s’accusent, se déchirent,
faisant ainsi le jeu des Allemands.
Londres s’inquiète de la prise des dépôts
d’armes, comme de la désagrégation de ses services
de renseignement. Elle envoie sur place Roger Landes, Aristide,
pour liquider les suspects et faire cesser la guerre des réseaux.
Georges Julien Renaudin arrive à Bordeaux le 28 mai,
et il contacte aussitôt certains chefs du groupe Aristide.
En même temps, il tente de contacter Gaston Cusin, commissaire
de la République, et il parvient à obtenir un rendez-vous
pour le 29 juin à 14 h. devant le Palais de Justice de Bordeaux.
Son but : tenter de rapprocher tous les groupes de Résistance
pour une action cohérente.
Mais les arrestations déciment les effectifs des Résistants.
Les prisonniers sont rudement interrogés. Par prudence, Georges
Julien se fait raser la barbe et établir de nouveaux faux papiers
au nom de Jean Martin. Puis il quitte son logement du 49 de la rue Mouneyra
pour une planque située rue Fernand-Marin.
Renaudin donne rendez-vous aux membres du groupe de Lucien
Nouhaux, le groupe Marc, rendez-vous fixé le 26 juin
à 11h, place de la Victoire, à l’angle de la rue
Elie-Gensac. Pourtant, à l’heure dite, Renaudin
n’est pas là. Marc et ses hommes, qui l’attendent,
sont soudainement cernés par des policiers en civil. Un fusillade
s’ensuit, mais Lucien Nouhaux parvient à s’échapper.
Renaudin arriva peu après à son rendez-vous.
Son quart de retard étant dû à une banale panne
électrique sur la ligne de son tramway. Qu’importe ! Renaudin
n’est pas là, Renaudin est un traître, et
il est aussitôt condamné à mort par Marc
et ses hommes.
Quatre d'entre eux sont aussitôt désignés pour la
besogne : Danglade, Mouchet, Fabas, Capdeville, c’est à
dire pour exécuter Renaudin le 29 juin à 14h.,
au moment de son rendez-vous avec Gaston Cusin, devant le Palais de
Justice.
Le 29
juin, à 14h15, Georges Julien alias Renaudin
est abattu de 14 balles dans le dos à l’angle de la rue
Mouneyra et de la rue Héron, devant la boutique d’un charcutier.
Un gardien de la Paix qui tente de s’interposer est lui aussi
abattu. Des renforts de police arrivent, et une véritable chasse
à l’homme s’engage. Danglade et Mouchet sont blessés
et arrêtés. Dans
la soirée, Renaudin n’ayant donné aucune
nouvelle, n’ayant honnoré aucun de ses rendez-vous, ses
amis ont un sombre pressentiment : ils ont appris qu’un homme
a été abattu rue Mouneyra. Aussi, dans la nuit, l’un
d’entre eux s’introduit à la morgue municipale, et
il reconnaît formellement le corps de Georges Julien.
La prémonition de Georges Julien s’est révélée
exacte : après l’incident de la rue Elie-Gensac, il avait
déclaré à son logeur : « Ils vont
sûrement me prendre pour un agent de la Gestapo. Mourir sous les
balles allemandes, cela m’importe peu, mais je ne voudrais par
tomber sous des balles françaises. »
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